L’infertilité touche de 12 à 16% des couples canadiens. Bien que les avancées en matière de procréation assistée permettent à de plus en plus de couples de devenir parents, l’infertilité et les traitements de fertilité sont une source importante de stress pour la majorité des couples qui y sont confrontés. Ces expériences ont souvent des conséquences négatives sur la santé mentale, la relation de couple, la sexualité, la vie sociale et professionnelle, ainsi que la qualité de vie de manière générale. Nos travaux visent à mieux comprendre l’expérience des couples qui ont recours aux traitements de fertilité, en particulier leur expérience conjugale, et à développer des interventions psychologiques qui permettent de mieux répondre à leurs besoins et de favoriser leur bien-être.
Il est maintenant reconnu que les difficultés sexuelles sont communes en contexte d’infertilité, mais les facteurs liés à l’ajustement sexuel des couples en traitement de fertilité demeurent méconnus. Nous avons trouvé qu’un peu plus de la moitié des femmes vivraient des difficultés sexuelles (ex., faible désir, difficultés d’excitation, insatisfaction) pendant les traitements de fertilité alors que ce chiffre s’élève à un peu plus du quart chez les hommes. Nos résultats montrent également que l’insécurité sur le plan de l’attachement est liée à la fonction sexuelle des hommes et des femmes. En effet, l’évitement de l’intimité chez la femme (inconfort dans l’intimité et distance émotionnelle) est associé à plus d’insatisfaction sexuelle et à la douleur pendant les relations sexuelles. Chez l’homme, l’anxiété d’abandon (doutes quant à sa valeur personnelle et peur d’être rejeté par sa partenaire) est liée à des difficultés érectiles et des difficultés à atteindre l’orgasme, alors que l’évitement de l’intimité est lié à des difficultés à atteindre l’orgasme chez sa conjointe.
Pour en savoir plus : Purcell-Lévesque, C., Brassard, A., Carranza-Mamane, B., & Péloquin, K. (2018). Attachment and sexual functioning in women and men seeking fertility treatment and their partners. Journal of Psychosomatic Obstetrics & Gynecology. Advanced online publication
L’infertilité n’a pas que des effets néfastes sur le couple. Certains couples trouvent dans cette expérience difficile une opportunité de renforcer leur relation. Notre étude qualitative a révélé la présence de 5 types de « bénéfices conjugaux » en contexte d’infertilité : (1) se sentir partenaires, « ensemble » dans l’épreuve; (2) Se sentir plus près l’un de l’autre; (3) se sentir rassuré au sein du couple; (4) avoir développé ou pris conscience d’un système de soutien et de communication aidant; et (5) avoir acquis une certitude de la qualité du couple et de ses aptitudes. Pour en savoir plus : Sauvé, M. S., Péloquin, K., & Brassard, A. (2018). Moving forward together, stronger, and closer: An interpretative phenomenological analysis of marital benefits in infertile couples. Journal of Health Psychology. Advanced online publication.
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Afin d’outiller les couples pendant les traitements de fertilité et les aider à gérer le stress et la montagne russe d’émotions associés à l’infertilité et aux traitements, nous avons développé une nouvelle intervention de groupe destinée aux couples ayant recours aux traitements de fertilité. Les résultats de notre étude pilote réalisée auprès de 29 couples soutiennent l’efficacité préliminaire de l’intervention pour réduire les symptômes d’anxiété et de dépression, augmenter la qualité de vie, et renforcer la relation de couple des hommes et des femmes qui y participent. Nous poursuivons nos travaux pour établir l’efficacité de cette nouvelle intervention.
Il est possible que les personnes aux prises avec l’infertilité se blâment pour la difficulté du couple à concevoir un enfant ou alors qu’elles ressentent de la colère et blâment leur partenaire lorsque le désir d’enfant n’est pas assouvi. Notre étude, réalisée auprès de 279 couples en traitement de fertilité, montre que lorsque la femme se blâme, elle-même et son conjoint rapportent davantage de symptômes de dépression et d’anxiété. Lorsque l’homme se blâme, il rapporte aussi plus de symptômes de dépression et d’anxiété et moins de satisfaction conjugale. De plus, lorsque la femme blâme son conjoint pour les difficultés du couple à concevoir, elle rapporte davantage de symptômes de dépression et les deux partenaires se disent moins satisfaits de leur relation de couple.
Pour en savoir plus : Péloquin, K., Brassard, A., Arpin, V., Sabourin, S., & Wright, J. (2018). Whose fault is it? Blame predicting psychological adjustment and couple satisfaction in couples seeking fertility treatment. Journal of Psychosomatic Obstetrics & Gynecology, 39(1), 64-72.